La solitude, ça n'existe pas ?

Publié le par Carole M

Ma séance chez le psy hier soir fut très dure. j'ai beaucoup pleuré et j'ai sans doute formulé des choses que moi-même je ne soupçonnais pas à l'état conscient et puis tout à coup c'est sorti et ça m'a fait à la fois du bien et à la fois une immense peine.
En écrivant ces mots je sens encore l'émotion qui remonte par vague... Un flux et un reflux que je ne maîtrise pas vraiment et qui s'impose à moi...

Tout a commencé par le compte rendu de ma semaine qui ne s'était pas passée des mieux mais pas des pires non plus... pas de débordements alimentaires et pas de violentes envies de chocolat.. sans doute à cause de la double peine, qui était là au dessus de ma tête, telle l'épée de ce cher Damoclès, et qui m'aurait condamnée à multiplier ma dose par 5.
Jusque là ça allait encore...
Et puis petit à petit les mots m'ont conduit à parler de ma prise de poids très jeune, de ce rapport avec la nourriture qui depuis fort longtemps dans mon esprit, sera toujours une charge pour moi, une lourdeur, une conscience que le commun des mortels ignore...
La certitude très jeune que je ne serai jamais celle qui s'habille d'une robe blanche, qui a des enfants, qui vit une vie de femme comme on le rêve sans doute toutes quand on devient une jeune fille....
MOI PAS !! Je sais de façon intuitive que tout ça ne se sera jamais pour moi car la nourriture va prendre toute la place... Et elle l'a prise...
Pas toujours pour le pire mais pas toujours non plus pour le meilleur...Loin de là, quand j'en fais le constat à posteriori avec toute la conscience et l'éveil que j'ai acquis au fil des ans, au fil de thérapies, au fil de mes douleurs, grâce à Stéphane aussi.

Au gré des mots hier soir je sentais une peine m'envahir, une solitude immense, une sensation d'être passée à côté de quelque chose d'important dans ma vie...
Je suis seule...
Mon but en perdant ce poids c'est aussi de conjuré le mauvais sort, de me dire que pour en finir avec ma détresse affective il faut aussi que j'en finisse avec kilos...
Je sais bien que ce n'est pas lié mais pourtant c'est tout de même imprimé en moi. Une certitude qui s 'est renforcée avec les mots de mon père (si tu avais maigri il y a 20 ans aujourd'hui tu serai mariée avec des enfants), une certitude qui a pris de l'ampleur à cause de cet univers dans lequel nous vivons où l'image règne en maitre absolu, une certitude grâce à ses fausses croyances que j'ai faites miennes malgré de belles histoires affectives.
Je n'arrive pas à les chasser de mon esprit, elles me hantent. Je crois encore que je ne trouverai jamais plus le bonheur avec un homme je ne suis pas enfin sortie des statistiques de l'obésité...
Ca c'est une des raisons qui fait que je souffre... L'autre raison si je n'arrive pas à atteindre cet objectif là, c'est que je vais encore penser qu'une fois de plus, je ne suis pas capable de mener jusqu'au bout mon amaigrissement, que je ne peux pas réussir et donc que je suis vraiment nulle de ne pas y arriver malgré tous ces kilos de perdus sans chirurgie...
Je sais c'est terrible de penser cela mais je ne peux m'en empêcher, je ne peux aller contre cette pensée noire qui m'obsède, qui me fait stagner, voire même qui a terme pourrait me refaire partir à la hausse histoire de me prouver que j'ai raison, que je suis bien aussi incapable de réussir que je veux bien le croire...

Et bien pour finir cette solitude encore et encore que je croyais disparue depuis longtemps. je pensais que j'avais fait le deuil de son absence, que son absence était gérée depuis longtemps mais il n'en est rien..
Stéphane, tu me manques toujours autant et je ne peux que le crier pour que ça sorte aussi de mon corps...
Je pleure encore sur ton départ que rien ne peut remplacer encore...
Est ce que ça sera possible un jour ?  Je ne sais l'affirmer...
Il me manque chaque jour tes mots, ton soutien, ton regard que tu portais sur moi avec tant d'amour, de douceur, de bienveillance...
Il me manque cette force que tu me donnais sans que je m'en rende compte simplement car toi tu as cru en moi de façon entière et authentique...
Tu es le seul à m'avoir donné cela... Même moi j'en suis incapable pour ma petite personne..
Je n'arrive pas à m'aimer autant que tu as pu le faire et c'est ce qui me fait mal sans doute encore aujourd'hui, qui m'êmpêche d'avancer encore un peu plus  loin afin de toucher la ligne d'arrivée...
Comment trouver la force sans ton regard si bleu qui se pose sur moi ?
J'ai beau penser à toi, et me dire que tu voudrais que je gagne enfin mais quelque chose bute et je cherche encore ce que c'est... Je vais trouver, je te le dois...
Je gagnerai pour vivre la vie que tu voulais que j'ai...
Le constat de la soirée fut terrible...
J'ai besoin que l'on s'occupe de moi... J'ai besoin d'amour...L'amour que je ne m'accorde sans doute pas, celui que je ne me suis jamais autorisée sauf avec toi Stéphane.
Donc pour compenser ce besoin d'amour, ce besoin que l'on s'occupe de moi et bien je m'occupe des autres...
Ca me fait sans doute oublier le vide, ça me donne un but...
Je me sens seule... Je n'avais pas vraiment pris conscience de cette solitude simplement car après le décès de Stéphane je suis retournée vivre chez mes parents qui se sont occupés de moi à merveilles, ensuite je suis rentrée en cure et là encore on s'est occupée de moi encore...
Mais là depuis que je suis ici à Toulouse plus personne ne remplit ce rôle et tout à coup je mesure le vide, la détresse, la solitude, le manque d'amour... et pire encore LE BESOIN D'AIMER.
Tout cela m'affole, me fait manger un petit peu plus, me fait reprendre quelques kilos, me fait les perdre encore et les reprendre à nouveau... Je navigue entre hier et aujourd'hui...
Mais moi, je ne fais que rêver de demain...
Ce demain où je serai sans doute encore seule pourtant......
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G
<br /> <br /> Je t'envoie toute la tendresse et l'affection dont tu as besoin.<br /> Mais aussi tout le dynamisme, toute la bonne humeur qui font ta force.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> Merci c'est gentil à toi...<br /> Je garde le moral et suis plein d'optimisme...<br /> amitiés<br /> Carole<br /> <br /> <br />
M
<br /> Carole, je trouve ton billet très touchant, et il décrit de manière palpable la douleur de la perte. Certaines réponses qui te sont faites m'étonnent , comme de dire tu verras tout ira mieux ou<br /> bien encore arrête de te complaire dans le malheur et occupes toi d'autre chose que de toi.<br /> <br /> Derrière tes textes, je sens, moi, la volonté d'écrire ce ressenti immensément profond du manque, de l'absence définitive de celui qui t'accompagnait. Je la comprends si bien, moi qui suis<br /> accompagnée d'un homme handicapé qui n'est plus celui que j'aimais, et ne m'est plus un compagnon.<br /> <br /> Même si l'avenir parait opaque, une embellie arrivera forcément. Alors, continue ta route et continue à nous traduire ainsi tes émotions, qui remuent pas mal de tes lecteurs<br /> <br /> Une réflexion a la lecture des écrits de la psy qui intervient ici... J'ai trouvé les affirmations assénées indignes d'un psy, qui n'est pas censé en savoir plus sur les autres que les gens eux<br /> mêmes, ni leur dire ce qu'ils devraient faire, plutot les accompagner sur leur chemin. Il est vrai que je ne suis qu'un pauvre médecin ! pas psy !<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> Bonjour à toi,<br /> C'est étrange de te tutoyer chez moi alors que je te vouvoie quand je viens chez toi our te lire et commenter. Sourire.<br /> Merci pour ces mots. J'avais aussi bcp apprécié l'article que tu avais écrit sur ton compagnon et tes responsabilités face à lui dorénavant. Je me souviens avec fais le lien avec Stéphane qui<br /> aurait pu aussi vivre handicapé après son accident de moto...<br /> Merci de me lire, de m'écrire de temps à autre...J'aime ta plume.. Sourire<br /> Amitiés<br /> Carole M<br /> <br /> <br />
S
<br /> Bonjour<br /> Normal tu sais que ton psy et moi avions les même mots .. comme tu le fais remarquer avec amusement ... nous n'inventons rien et nous avons la même formation médicale de base!<br /> A Sophie l'IDE je fais un coucou amical, suis en HP et sans les infirmières le service ne tournerait pas, elles font un boulot monstre et je leur rends ici un hommage sincére .<br /> Bon week end,<br /> Sophie<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Hier un ami me disait que c'est en HP que le taux de suicide est le plus élévé dans le milieu médical.. C'est effrayant...<br /> Gros bisous à toi<br /> Carole<br /> <br /> <br />
C
<br /> Je suis tout à fait favorable à un travail intérieur, c'est bien ce que je fais depuis un an 1/2.... <br /> Quand je dis "te tourner plus vers les autres", je veux dire faire plus de choses avec et pour les autres car ta vie actuelle est quand même un peu à part. Je ne connais que toi qui puisse<br /> consacrer tout ton temps à toi, uniquement à toi (je veux dire par exemple ne pas travailler depuis si longtemps... ce n'est pas un reproche). Je sais que j'ai peut-être tendance à comparer ta vie<br /> avec ma vie, et qu'il ne le faudrait pas... et contrairement à toi je n'arrête pas de faire pour les autres et je ne m'occupe pas assez de moi... ce qui n'est pas forcément mieux mais c'est ainsi<br /> pour l'instant. <br /> je ne sais pas si j'ai été claire, je l'expliquerais mieux de vive voix c'est sûr. Je ne te juge nullement, tout ce que tu vis et a vécu ces dernières années a du être difficile et je suis<br /> admirative de ton parcours.<br /> bisous catou<br />  <br /> <br /> <br />
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C
<br /> Ma chère Catou, quand je te dis que tu ne sais rien de ma vie ce n'est pas un reproche mais c'est la réalité...<br /> Il est clair que depuis plusieurs années je m'occupe essentiellement de mon poids mais je crois que j'ai bien gagné ce droit là et travailer n'est pas une fin en soit c'est juste un moyen de gagner<br /> sa liberté et moi pour le moment je n'ai pas besoin de cela...<br /> Si je suis venue m'installer à Toulouse c'était essentiellement pour aider mon amie qui habite au dessus de chez moi et qui a perdu son mari depuis un an maintenant..<br /> Je l'aide dans son quotidien, je l'aide avec les enfants et j'en passe.. je ne parle même pas du côté émotionnel...<br /> Faire pour les autres chère Catou c'est bien mais en faire trop n'est ce pas aussi lié à un besoin de reconnaissance, d'estime de soi à conquérir.?. aucune démarche n'est désintérressée Catou même<br /> la plus altruiste. Elle t'apporte quelque chose que tu ne trouves pas dans ton propre foyer je pense que le nerf de la guerre est là...<br /> Pour une fois dans ma vie j'ai fait le choix de m'offrir le luxe de me consacrer du temps car ça n'a jamais été possible ou que je ne me suis jamais cru assez importante pour cela... Ce choix là à<br /> un prix, d'une part je puise chaque jour dans mon capital pour vivre et d'autres part j'ai renoncé à beaucoup de choses aussi tel que mon boulot que j'adorai... Il faut à un moment se replier<br /> sur  soi pour renaitre et je ne pense pas que les autres auraient fait pour moi ce que je suis entrain d'accomplir à force de courage et de sacrifices car oui c'est des sacrifices malgré la<br /> vie que je semble avoir...<br /> Alors je ne suis pas en colère sur la nature de tes écrits, je pense juste que tu n'as pas mesuré toute la porté de ma décision à faire ce chemin seule et en totalité...<br /> Il faut avoir été dans la peau d'une femme de 190 kilos pour en mesurer le prix de l'engagment et la force que ça demande de se libérer de l' emprise de ses émotions alimentaires..<br /> Si je semble trop centrée sur moi je l'assume mais j'avais tant de retard à ce niveau que j'ai encore la possibilité d e'accorder quelques mois pour paufiner ma mission celle de vivre vraiment dans<br /> la peau de Carole..<br /> Avec toute mon amitié<br /> Carole<br /> <br /> <br />
D
<br /> <br /> Je m'y plait déjà !  ;)<br /> Donc tu risques de me revoir commenter très bientôt ! Bonne journée à toi aussi!<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> avec plaisir chère nouvelle lectrice, sourire.<br /> Bonne journée à toi<br /> Carole<br /> <br /> <br />