Qui suis je vraiment ?
Il y a des fois où le temps peut me sembler long. Je vis un de ces moments là depuis quelques temps et je ne sais pas comment m'extraire des ces mauvaises pensées.
Si je trouve le temps interminable c'est bien sur car maintenant je me sens impatiente à retrouver la ligne que j'avais encore l'année dernière.
Je sais bien que tout ceci n'est qu'une parenthèse sur ce chemin sinueux de la perte de poids mais pour autant je ne peux vivre sans cette impatience qui me tenaille le ventre.
Je regarde tous ces vêtements dans mon armoire et je n'ai qu'une envie c'est qu'ils m'aillent à nouveau aussi bien que quelques mois en arrière.
L'échec, toujours l'échec qui me prend la tête.
Je vous ai pourtant dit que j'avais tiré des enseignements de ma reprise de kilos et même si je continue à le dire, je m'en veux toujours autant de n'avoir pas su être plus vigilente.
Je sais bien pourtant qu'il est toujours plus aisé de perdre deux kilos quand on voit que la machine s'emballe que d'en perdre 10 ou 20.
Pourtant je n'ai pas su gérer cela. Mais où donc avais je la tête ?
C'est un peu comme si j'avais fait la politique de l'autruche, que j'avais voulu tester mes capacités à revenir dans la vérité.
Peut-être voulais je vraiment savoir si maigrir c'était bien ce que je voulais ou si en somme le plaisir à manger continuait à me rendre plus heureuse que le plaisir à maigrir.
Et bien j'en arrive au constat que je veux le plaisir à manger tout en retrouvant mon allure. Non ce n'est pas trop demandé, mais ça va juste encore me demander du temps et de l'énergie.
Voilà quelques jours, j'ai posé cette question à Sophie qui écrit en commentaire : "Qu'as tu à perdre à réussir à maigrir encore ?".
Vous pensez bien qu'avant de lui poser cette question c'est bien sur quelque chose que je me suis demandée à plusieurs reprises.
Alors que ce poids nous fait toutes tant souffrir, nous pèse au sens propre comme figuré, nous le cultivons, nous le nourrissons et le chérissons chaque jour.
Quelques fois pour nous punir, nous panser les plaies à l'âme et au coeur, ou simplement pour le plaisir d'une bonne table mais nous mangeons trop, mal, pas assez, trop sucré, trop, trop, trop et sans aucun doute TROP MAL.
Ca me pousse dès fois à me demander si malgré ma souffrance à me porter, je n'en tire pas encore quelque chose de plus fort qui serait du réconfort, de la protection, du bien-être même, à savoir ?
Je ne peux garder en moi le déplaisir à être encore en surpoids si quelque chose de plus fort et de meilleur ne vient pas contre balancer ce que je vais nommer "désagrément" par pudeur. Sourire.
Mais ça m'apporte quoi cette différence ? Où vais je tirer "du bon" dans ces kilos de trop afin de faire le maximum pour ne pas tous les perdre ?
Alors je sais bien que je l'ai déjà écrit, mais en dehors d'un alibi, je ne vois pas qu'elles seraient les raisons que j'aurai à ne pas vouloir complètement être bien dans mon corps.
Mais l'alibi à quoi bon sang ? Ben soyons honnête. Je crois que mon alibi c'est la peur de réussir à maigrir complètement et de me rendre compte qu'en fin de compte ma vie est identique à celle d'hier alors que je pesais 190 kilos. Identique par ses manques bien sur.
Malgré toute mon agitation du passé le vide intérieur régnait en maître.
Aujourd'hui je pourrai presque penser que c'est même pire qu'avant que je ne maigrisse autant.
Grosse je m'autorisais tout. Je sortais tout le temps, j'avais des hommes dans ma vie à la pelle, une vie beaucoup plus active, mon téléphone qui ne cessait de sonner.
Aujourd'hui rien de tout ça. Je m'isole, j'ai peur des hommes, j'ai honte de moi d'avoir regrossi et pire que tout, j'ai perdu la belle assurance que j'avais en moi et de moi.
Ca ne devrait pas, alors que j'ai su perdre autant de poids simplement à la force de ma conviction à vouloir changer.
Je ne cesse d'employer le mot "perte". C'est effrayant. Perdre de l'assurance, perdre du poids, perdre mon travail.
Pourtant je continue à croire que j'ai gagné mais je ne sais pas encore quoi et comment ?
Ce qui persiste à me faire peur c'est que je sais bien que rien ne change en maigrissant alors que tout est si différent (phrase d'une autre lectrice) mais je dois continuer à chercher comment modifier ma vie en profondeur, à remplir ce vide qui ne cesse de me hanter.
Mes gains sont encore si peu visibles, si peu probants dans mon quotidien.
Je crois qu'avant, malgré toute mon agitation, ma vie intense, je donnais le change aux autres et à moi surtout. Ne pas regarder au fond de soi pour continuer à avancer, à faire croire que tout va bien.
J'ai peut-être longtemps voulu croire que justement tout allait bien pour ne pas renoncer à chercher la solution.
Si vraiment tout avait été aussi merveilleux que je le pensais, aurai je continué à vouloir perdre du poids ? Je ne suis pas sure de cela. Pourquoi s'infliger autant de privations, de quêtes si j'étais si heureuse que cela ?
Voir la vérité en face n'est ce pas cela qui va me donner la force de réussir aujourd'hui ?
Je crois que plus en plus qu'avant je n'étais pas si vraie que cela. Pourtant faire semblant ce n'est pas vraiment mon style. Mais avais je le choix de faire autrement ?
Surtout le pouvais je ?
Je devais gérer une société, porter mes kilos et me donner l'illusion d'une vie heureuse pour que tout ne s'écroule pas.
J'ai pourtant failli être KO un jour. C'était en 1994 je crois. J'avais eu l'imprudence de "tomber amoureuse". Lui pas bien sur. Il était lucide cet homme.
J'ai vécu l'enfer. Là j'ai vraiment donné le change et personne n'a rien vu, personne n'a rien su. Ma vie n'était que désolation. Peut être un jour aurai je le courage de vous expliquer tout ce que je ne pouvais plus faire. Mais je suis remontée. Pas le choix. Je devais le faire ou mourir. Ne pas renoncer, ce doit être dans mes gènes. Sourire.
Donc quelles conclusions à tirer à ce brouillon que je suis entrain d'écrire. Je pars dans tous les sens, comme les idées me viennent.
Ne croyez pas que je vois tout en noir aujourd'hui. Loin de là quand même.
Je fais juste le point afin de trouver un équilibre durable. Ne pas se mentir pour avancer. Ne pas juste faire les choses. Je veux et dois être dans la conscience de ce que ça implique ou pas pour l'avenir.
Si j'ai reculé c'est bien pour quelque chose de précis et de bien plus profond que le simple fait d'avoir été une fois de plus déçue par un homme.
Je ne sais pas. Je vais encore y penser. A force de me chercher je vais sans douter finir par me trouver. J'espère que j'aimerai encore ce que je vais voir le jour venu.
Je sais que l'année prochaine va être décisive. Des choses se mettent à bouger. Il ne me reste plus qu'à oser me mettre vraiment dans l'action. Pas juste un peu histoire de me donner bonne conscience. Allez va y Carole. Il faut que je sois aussi entière avec moi.
Mais je minaude encore avec mes kilos peut-être pour les amadouer et qu'un matin ils aient enfin disparu. Qui sait ?
Je dois croire encore a des choses impossibles. A mon âge est ce bien sérieux ?
Carole M