Ode à la vie

Publié le par Carole M

Aujourd'hui nous sommes le 10 octobre et c'est un triste jour pour moi.
En 1999 j'ai rencontré un garçon délicieux qui portait le prénom de Stéphane.
Cela faisait quelques mois que je m'étais faite embaucher comme chef de rayon boulangerie dans un supermarché.
En ce début de février 1999 le dit commerce a recruté un nouveau sous directeur.
j'ai eu le privilège de faire sa connaissance en premier car c'est moi qui est fait entrer ce jeune homme sur son nouveau lieu de travail et sans le savoir encore dans ma vie aussi.

Ce garçon semblait très fermé. Il faut dire que c'était mon supérieur hiérarchique puisque lui était le sous directeur du supermarché. J'ai du le conduire auprès de notre directeur pour que Stéphane prenne son poste dans le courant de la journée...
Il était plus jeune que moi de 8 années mais avait déjà la maturité des grands (je l'ai découvert plus tard bien sur).
Ce matin là, il était habillé d'une mateau court bleu marine, d'un pantalon noir et d'une chemise blanche... Je n'oublierai jamais ce premier instant où j'ai croisé son regard bleue, entendu sa voix profonde, et du assumer cette froideur apparente dont il se revêtissait allègrement.

Au fil des jours, je ne le croisais guère dans le cadre de nos boulots. Nos univers ne se croisaient que le matin tôt alors que Stéphane était chargé de me remettre ma caisse avant l'arrivée de mes premiers clients.
Il me glaçait vraiment. Chaque jour il fallait que je lui arrache quelques mots car hormis le "bonjour" de rigueur aucune communication.
Cela me genait beaucoup à dire vrai car je sentais chez lui une fermeture évidente et quand on est une femme en surpoids, je pense que je vivais cela comme un rejet personnel.
Je me demandais qu'est ce qui générait cette attitude chez lui, cette froideur à mon égard alors que je suis plutôt du genre bonne parleuse et ouverte à l'échange.
Je me souviens en avoir même parlé à notre directeur qui m'avait dit de lui laissé le temps de s'intégrer à l'équipe.
J'ai donc fait profil bas mais j'ai continué à le solliciter de mes mots chaque matin...
Un repas organisé par la société pour les employés quelques jours plus tard a surement permis de précipiter un peu la nature exceptionnelle de la relation qui allait naitre entre lui et moi.

Petit à petit Stéphane semblait plus communicatif, il m'invitait de temps à autre à partager son café à la fameuse machine, sourire. L'échange était très plaisant entre nous..
Il était d'une rigueur farouche dans son travail et ce point commun nous a surement ouvert plus vite quelques portes entre nous...
Ensuite il a osé les plaisanteries, les invitations au restaurant, les farniente à la plage, les soirées à refaire le monde...
Au fil des semaines nous passions tout notre temps ensemble. Où l'un se trouvait l'autre n'était pas loin...
J'aimais tout chez lui. son esprit, son humour, son regard sur l'avenir, sa droiture, son intelligence, sa fidélité en amitié, sa patience. Je ne lui trouvais aucun défaut.
Notre rencontre était comme une évidence.

Fin novembre, le supermarché a pris feu et nous voilà donc tous au chômage partiel...
Stéphane me propose que l'on se fasse licencier et que l'on parte monter notre propre société ensemble. La aussi, c'était une évidence, nous étions fait aussi pour travailler ensemble.
Dans la foulée il a emménagé chez moi et quelques mois après nous sommes partis vivre en région toulousaine pour créer notre propre société.

Les meilleurs moments de ma vie sont ceux que j'ai passé avec toi Stéphane.
Tu as pris soin de moi chaque jour que nous avons vécu sous le même toit. J'ai eu le sentiment que ton objectif était de me rendre la vie meilleure, plus facile...
Tu as fini par m'avouer que les premiers jours tu n'avais pas été très agréable avec moi car toi aussi tu faisais parti de ces individus qui ont un apriori négatif sur les gros et les grosses en particulier.
Ca semble fou de me dire maintenant que toi aussi tu pensais que l'obésité c'était un truc lié au laissé aller, qu'il m'aurait suffit de cesser de manger pour perdre du poids.
Tu pensais aussi que je devais être méchante, aigrie, sans volonté... Tous les clichés véhiculés par l'obésité tu les connaissais...
Heureusement que tu n'es pas resté bloqué là dessus sinon je n'aurai jamais pu vivre avec toi plus de 4 années délicieuses.

Ma vie à tes côtés est indescriptible tant ce fut comme dans un conte de fée... Les rires, l'écoute, les phrases qui se terminent par l'autre, les pleurs sur ton épaule, tes attentions chaque jour, l'estime de moi que tu m'as donné, nos silences, nos sorties, notre vie au quotidien sans aucun nuage, JAMAIS.
Tu étais parfait et je remercie chaque jour le destin de m'avoir fait rencontrer un homme comme toi car aujourd'hui je suis une femme qui sait ce que sait de vivre la relation exceptionnelle avec un homme...
Si je suis aussi grande, aussi forte, aussi remplie de douceur, de générosité, de patience c'est surement grâce à toi et à tous ces moments que tu m'as offerts, sans condition, sans contre partie.
Tu es vraiment mon autre.

Le 12 juillet 2003, le destin a décidé pourtant que ta vie devait cesser et tu es parti en me laissant seule. Ma vie ne sera jamais plus la même, j'apprends juste à vivre sans toi depuis.
La douleur se dissipe, le manque grandit pourtant... C'est un paradoxe que je vis chaque jour et il n'y a pas un jour que je ne passe sans une pensée pour toi car des dizaines de choses me conduisent à toi chaque jour...
Un bruit, un mot, une assiette de pâtes, une musique, un lieu, ton sourire à jamais devant mes yeux...Mon Amour pour toi.

Tu aurais donc 36 ans aujourd'hui. Ta tombe va être recouverte de fleurs en ce jour. Je sais que tu ne les aimes pas toutes ces fleurs qui recouvrent ton nouveau lieu.
Elles sont pour la plupart en plastique, superficielles, tout ce que tu n'es pas. Mais qui peut comprendre cela à part moi ?
Je sais que tu aimerais que je les enlève à chaque fois que je viens te voir mais tu sais bien aussi que ce n'est pas possible.
Tes parents ne te connaissaient pas de ton vivant alors comment pourraient ils savoir ce que tu aimes, ce que tu voudrais que l'on pose chez toi quand l'on vient te voir ?
Je sais que tu aimes mes bouquets. Ils sont comme toi. Ils sont différents.

Je ne viendrai pas dans l'ain aujourd'hui car bien sur tu es trop loin de moi, mais tu sais à quel point nous sommes prôche. Chaque souffle de ma nouvelle vie je te le dois car c'est bien grâce à ton départ que moi je suis vivante aujourd'hui...
Tu m'auras  même fait ce cadeau , le dernier, le seul qui aurait compté pour toi...Me permettre de perdre tout ce poids.
Car plus que personne, la seule chose qui t'importait c'est qu'enfin je trouve la solution pour me sortir de la carapace que je m'étais forgée...
Tu n'as jamais donné de conseils, jamais dit "tu devrais", jamais eu de regard désapprobateur à chaque fois que j'avais ce besoin de manger...
Tu as juste dit "je ne comprends pas pourquoi tu as ce besoin, mais je suis là pour toi".
J'ai pu tout te raconter, tout te donner dans le pire comme dans le meilleur.
Mes confidences, mes pleurs n'ont pas eu de limite avec toi...
Tu m'as fait grandir, tu m'as donné la chance de vivre une autre vie...
Je déplore juste que ce soit sans toi que je doive la construire.

Bon anniversaire mon Stef, où que tu sois, je sais que tu me regardes et que tu es fier de moi...
Je ne lâcherai rien en ton hommage, pour ne pas salir ton départ et notre vie à deux...
Je vais vivire la vie que tu souhaitais pour moi et c'est avec quelques larmes dans les yeux que je pense à toi.
Avec tout mon amour,
Ta miss Morgan

Je vous offre une de ses phrases celles que je ne pourrai jamais oublier :
"Avant, la vie sans toi c'était bien mais avec toi c'est incomparable".

Moi c'est ma vie sans toi qui est incomparable Stéphane, car bien qu'elle soit belle, elle ne sera jamais à la mesure de ce que nous aurions du vivre si....
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M
<br /> tu me fais venir des larmes avec ta sincérité.<br /> Presque à la même date, il y a ... 39 ans, j'ai perdu ma meilleure amie.<br /> la vie continue, la douleur reste vive, tapie, et elle est toujours présente, remontant la mémoire à chaque date anniversaire<br /> Je te souhaite de retrouver autant de bonheur que cela, c'est possible<br /> <br /> <br />
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C
<br /> On n'oublie pas, on vit avec.<br /> Comme une marque que l'on garde sur le coeur...<br /> La cicatrice de l'absence<br /> <br /> <br />
P
<br /> Quel bel amour!<br /> patrick<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Ce qui est bien avec l'amour c'est qu'on ne risque pas l'overdose, sourire.<br /> Surtout en ce moment, n'est ce pas ma bombinette ?<br /> Carole<br /> <br /> <br />
C
<br /> Je comprends ta tristesse en ce jour-là, et en même temps, c'est un 10 octobre qui t'a fait vivre une très belle relation.<br /> Il paraît que j'ai été aimée, en tout cas, j'ai eu des aventures, des liaisons et même un mariage. Sur aucune de ces "histoires" je ne pourrais écrire un texte de ce genre, parce qu'un homme qui<br /> vous aime sans réserve, je n'en ai pas connu.<br /> Garde cette belle richesse en toi, et rappelle-toi que toi aussi, tu as été une très belle histoire pour lui, qu'il a eu une vie pleine et heureuse avec toi.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Je suis plus que consciente de la chance que j'ai eu malgré la fin malheureuse.<br /> Je me considère comme une privilégiée. Toutes mes amies ont envié ma relation avec Stéphane...<br /> Il m'a donné tellement, bien plus qu'il ne peut l'imaginer...<br /> J'espère avoir fait de même pour lui alors que sa vie fut si courte mais mon lien pour lui éternel...<br /> bon dimanche...<br /> <br /> <br />
M
<br /> en vivant ta vie comme tu le fais ,par ta générosité et ton courage tu ne pouvais pas lui faire de plus beau cadeau<br /> ...<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Tout ça grâce à lui<br /> <br /> <br />
F
<br /> de tout coeur avec toi.Tes textes me touchent profondément.Tu es courageuse d'oser t'exposer.Ne te décourages pas dans ton chemin pas trop fréquenté.Bisous.Fabienne<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Merci Fabienne, j'espère que tu as passé de bonnes vacances.<br /> Mais pourquoi employer le terme "s'exposer" ?<br /> On dirait que je cours un danger, sourire<br /> <br /> <br />