Handicap de l'obésité
Le temps est tout triste sur Toulouse. J'ai été réveillée vers 6 heures par un gros orage avec coups de tonnerre et tout le toutim. Sourire.
Ce matin suis passée en coup de vent sur le blog d'une jeune femme qui est passée me laisser un petit mot rapide en commentaire.
Les quelques mots que j'ai pu lire m'ont envoyé un sentiment de douleur extrème quand elle parle de sa solitude et de son renfermement "simplement" car elle pèse 140 kilos.
Le regard des autres et cette exclusion que cela engendre est effrayante.
Pour ma part et selon mon propre vécu par rapport à ce paramètre, je crois que ce fameux regard des inconnus sur nous dépend essentiellement du regard que l'on pose nous même sur notre propre personne.
Les autres seraint un peu le miroir de ce que l'on voit de nous et du coup rendrait leur yeux très durs simplement car certains et certaines sont durs avec ces kilos à porter.
J'ai bien sur connu cette période là aussi. Je surveillais le moindre geste des autres, le moindre sourire, la moindre moquerie. Ca rendait mon quotidien ingérable, invivable à chaque fois que j'étais face au public. Je voulais disparaitre, que l'on ne me regarde plus, passer inaperçue, une anonyme comme une autre...
Mais ça ne marchait pas. J'avais même le sentiment qu'au plus je me renfermais, au plus je voulais devenir petite, au plus je marchais la tête basse, au plus les autres ne voyaient que moi...
Un jour j'ai donc relévé la tête, j'ai souris, j'ai osé être un être humain à part entière et là une sorte de magie intérieure et extérieure s'est opérée. Je ne me suis jamais plus sentie épiée, jamais plus de sourires, de moqueries...
Alors tout ceci n'est peut être qu'une vue de mon esprit bienveillant mais quand j'ai réussi à être en paix avec moi et mes kilos, la paix avec les inconnus est arrivée en même temps... C'est sans doute aussi grace à ce changement que j'avais réussi à faire une sorte de force de mon poids car je me sentais bien partout...
Alors bien sur je ne volais pas, j'étais comme tout le monde en surpoids essouflée à la marche, mon dos quelques fois criait stop, ma vie était bien remplie et les amis en nombre..
Le seul point noir de mon obésité est sans doute un point que peu de personnes osent aborder car ça touche l'intime. Je vais donc oser en faire état ce matin mais avec légèreté bien sur...
Le point le plus humiliant quand j'ai dépassé les 170 kilos c'était ma difficulté à me laver les fesses. Le moindre passage aux toilettes m'angoissait car j'avais ce problème là... Il m'était donc impossible d'envisager de sortir de chez moi sans prendre mes précautions car comment aller aux toilettes dans un lieu inconnu ?
Se laver était source d'un excercie très périlleux qui méritait de l'espace et un certain équipement que l'on ne possède pas dans un lieu public ou chez des amis.
Ca c'était très invalidant et j'avoue que le jour ou j'ai pu accomplir ce geste comme tout le monde ce fut source d'une grande libération pour moi. Personne ne peut s'imaginer à quel point ça touche quand ce simple geste devient compliqué. Je redoutais tant de devoir disparaitre la solution que j'avais mis en place si d'aventure je devais encore grossir et devoir dépendre de quelqu'un pour me laver...
HUMILIATION TOTALE quand tu me guettes.....
J'ai échappé à ça pour ma part mais j'ai eu l'occasion d'en parler avec des personnes qui elles devaient se faire aider et je peux vous dire que là le mot souffrance prend toute sa dimension. Je me souviens en particulier d'un homme de 49 ans qui pesait 260 kilos.
Pour lui impossible de faire quoique ce soit sans de l'aide extérieure. Sa douleur était palpable mais pourtant impossible pour lui que d'oublier de manger, de se remplir encore et encore sans doute car son unique source de "bonheur" était le plaisir de ses papilles.
Alors tout ça sont bien sur des raisons pour ne pas grossir encore mais le plus effrayant c'est que je ne suis pas sure que ça suffira. On a beau se dire que la vie est nettement mieux sans ces kilos je ne sais pourquoi mais j'ai toujours en moi le sentiment que toutes ces évidences retrouvées, que tous ces plaisirs simples ne seront pas forcément le garde fou de ces années d'obésité. Je vais travailler là dessus mais pour le moment cette peur est en moi et c'est sans doute aussi cette peur qui pourrait paradoxalement me pousser à re manger sans doute pour qu'en grossisant à nouveau la peur disparaisse. Sourire.
Que c'est compliqué de maigrir.
Carole M